II Décrire les principales tendances du marché du travail

A. La segmentation du marché du travail

1. La hausse des emplois atypiques

La norme en matière de contrat de travail est le contrat à durée indéterminée (CDI) à temps complet. Cependant, une évolution marquante du marché du travail concerne les types d'emploi, avec une tendance générale à la hausse des formes particulières d'emploi : contrat à durée déterminée (CDD), contrat de travail temporaire (CTT), contrat aidé, contrat d'apprentissage. Entre les années 1980 et le début des années 2000, la part de ces formes d'emploi a triplé, passant de 5 % à 15 % de l'emploi total. Les jeunes sont particulièrement touchés par ce phénomène de précarisation des emplois. On assiste donc à une segmentation entre les individus disposant d'un contrat typique (CDI à temps complet) et ceux qui n'obtiennent qu'une succession de contrats atypiques.

De même, le temps partiel subi (c'est-à-dire non choisi par le salarié) est en hausse. Cette évolution de la structure des emplois répond au besoin croissant de flexibilité de la part des entreprises, qui doivent s'adapter à un environnement de plus en plus instable et incertain.

2. La thèse de la segmentation du marché du travail

La réalité du marché du travail montre ainsi qu'il se divise en deux segments principaux cloisonnés, provoquant une dualisation sociale :

– le marché primaire, où se trouvent des emplois stables, bien rémunérés, à évolution de carrière intéressante, avec des avantages sociaux importants et des conditions de travail satisfaisantes ;

– le marché secondaire, où se trouvent des emplois précaires, mal rémunérés, offrant peu de promotion, peu d'avantages sociaux et des conditions de travail difficiles. Les actifs concernés sont surtout des femmes, des jeunes et des immigrés.

Le marché secondaire permet aux entreprises de diminuer les coûts et d'assurer la flexibilité alors que le marché primaire permet de favoriser la pérennité de la firme et de fidéliser une partie de la main-d'œuvre.

La mobilité entre les deux segments est réduite.

B. Un déséquilibre durable sur le marché du travail : le chômage

1. La définition du chômage

L'Insee calcule chaque année le nombre de chômeurs en appliquant la définition officielle du Bureau international du travail (BIT) adoptée en 1982. Cette définition est utilisée pour effectuer les comparaisons internationales.

Au sens du BIT, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

être sans emploi, c'est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence ;

être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;

– avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Cependant, il n'est pas toujours facile de mesurer le nombre de chômeurs car les frontières entre emploi, inactivité et chômage sont parfois très minces. Par exemple, le chômage au sens du BIT ne tient pas compte des personnes qui recherchent un emploi sans être disponibles (parce qu'elles sont en formation ou en stage) ou de celles qui sont disponibles sans effectuer de démarches réelles parce qu'elles sont découragées.

2. La mesure du chômage

Le taux de chômage s'exprime en pourcentage de la population active et se mesure comme suit :

Taux de chômage = Chômeurs au sens du BIT/Population active × 100

En moyenne, sur le premier trimestre 2018, le taux de chômage en France métropolitaine s'établit à : (2,6 millions / 29,3 millions) × 100 = 8,9 %.

3. L'évolution du chômage en France

Le chômage a fortement augmenté dans la plupart des pays développés à partir du début des années 1970. Son niveau record date de 1994, à plus de 12 %.

En France, si le chômage a diminué de 1997 à juin 2001, passant de plus de 12 à 8,8 %, on a assisté en parallèle à une croissance des emplois précaires puis à une nouvelle hausse du chômage depuis le second semestre 2001. À partir de 2005, le nombre de chômeurs connaît un recul historique pour s'établir, en France, à 7,8 % en 2007, pour une moyenne européenne de 7,1 %.

Le chômage a partout explosé après la crise de 2008, passant d'une moyenne de 7 % en 2007 pour l'ensemble des pays de l'Union européenne à une moyenne d'environ 10 % en 2013, frappant plus durement l'Italie et la France que le Royaume-Uni et l'Allemagne. En 2017, le taux de chômage moyen s'établit à 8 %, soit quasiment son niveau d'avant-crise.

La France enregistre un taux de chômage très proche de la moyenne européenne, mais l'écart s'est creusé progressivement à partir de 2015.

4. Les facteurs d'inégalités face au chômage

Le chômage frappe toutes les catégories de la population active, mais certaines plus que d'autres.

Les principaux facteurs d'inégalités sont :

– l'âge : les jeunes (22,3 %) subissent davantage le chômage que les seniors (6,6 %) ;

– la catégorie socioprofessionnelle : les ouvriers (13,5 %) connaissent plus de chômage que les cadres (3,3 %). Le diplôme est ainsi une bonne couverture contre le chômage ;

– le niveau de diplôme : les personnes sans diplôme ou uniquement le brevet des collèges connaissent un chômage élevé (17 %). Le risque de chômage diminue avec le diplôme.

Autre spécificité du chômage en France : la détérioration du marché du travail s'est traduite par une augmentation du poids des chômeurs de longue durée (plus d'un an). Il touche particulièrement les seniors, qui éprouvent plus de difficultés à retrouver un emploi après un licenciement : 56,4 % des chômeurs de plus de 50 ans le sont depuis plus d'un an.