I Comprendre le fonctionnement du marché du travail
A. Le marché du travail, un lieu d'échange
Au sens courant, le marché du travail désigne la situation de l'emploi dans une économie : nombre d'emplois et nature des emplois (qualifications requises), et ainsi l'état et la nature du chômage.
Au sens économique, le marché du travail est le lieu théorique de rencontre entre l'offre et la demande de travail. Il met en relation ceux qui offrent leur travail en échange d'une rémunération (les salariés) et ceux qui demandent de la main-d'œuvre pour leur activité de production (les entreprises).
Selon la théorie économique, l'équilibre sur le marché du travail permet de déterminer une quantité et un salaire d'équilibre : à ce niveau de salaire, tous ceux qui acceptent de travailler et tous ceux qui acceptent de payer le travail sont satisfaits.
Selon l'évolution du marché du travail, donc des variations de l'offre et de la demande, le salaire est susceptible de fluctuer. Si l'offre est supérieure à la demande, le salaire diminue : l'importance de la main-d'œuvre disponible par rapport aux besoins permet en effet aux entreprises de proposer des salaires moins élevés.
Inversement, si la demande est supérieure à l'offre, le salaire augmente : les entreprises doivent augmenter les salaires proposés pour attirer les candidats.
B. Les composantes du marché du travail : l'offre et la demande
1. L'offre de travail
a. Les déterminants quantitatifs de l'offre de travail
L'offre de travail peut être mesurée par la population active, qui regroupe l'ensemble des personnes occupant un emploi, salarié ou non, ainsi que celles recherchant un emploi (les chômeurs).
Entre 1975 et 2017, la population active a augmenté de 30 %, passant de 21,8 à 29,3 millions de personnes. Dans le même temps, le nombre d'emplois en France, mesuré par les effectifs de la population active occupée, est passé de 21 millions à 26,5 millions, soit une augmentation de 26,2 %.
Les chiffres de la population active permettent de calculer le taux d'activité au sein d'une nation. Le taux d'activité d'un groupe donné est le rapport du nombre de personnes actives de ce groupe à sa population totale. Il s'exprime en pourcentage du groupe considéré.
Par exemple, en France, le taux d'activité des personnes en âge de travailler (15-64 ans) en 2017 se calcule ainsi :
Nombre d'actifs entre 15 et 64 ans × 100 = 29 300 000 × 100 = 71,5 %
Population de 15 à 64 ans 40 980 000
L'évolution de la population active et celle du taux d'activité dépendent de critères démographiques, sociologiques et juridiques :
– l'allongement de la durée des études retarde l'entrée des jeunes sur le marché du travail ;
– la hausse de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans (réforme de 2010) augmente le taux d'activité des seniors (50-64 ans), qui s'élève à 63 % en 2017 ;
– l'évolution démographique et la pyramide des âges : la population française augmente, soutenue par, outre le vieillissement démographique, un taux de fécondité parmi les plus élevés d'Europe (1,88 enfant par femme en 2018) ;
– l'évolution du solde migratoire mesure la différence entre le nombre de personnes entrées et sorties sur un territoire au cours d'une année. Entre 1950 et 1975, l'immigration a contribué activement à la croissance de la population active ; depuis 1975, l'influence de ce facteur diminue.
b. Les déterminants qualitatifs de l'offre de travail : une variété de profils
L'offre de travail regroupe une grande diversité de profils en termes de niveau de qualification, de compétences (physiques, techniques, sociales...) et de parcours professionnel (expériences).
Aussi, certains secteurs d'activité souffrent d'un surcroît d'offre avec un niveau de chômage élevé, pendant que d'autres secteurs pâtissent d'une pénurie d'offre (dans le bâtiment ou certains métiers très spécifiques exigeant des qualifications pointues).
2. La demande de travail
La quantité de travail proposée par les entreprises dépend de la conjoncture, et ainsi des prévisions réalisées par les entrepreneurs sur le niveau d'activité qu'ils prévoient. En effet, si les entreprises anticipent une période de croissance et ainsi une hausse de la demande future, elles seront incitées à produire davantage et donc à embaucher.
La nature de la demande de travail est également variée en termes de profils et de qualités attendues, de types de contrat proposés...